Écrit par : Ludovic
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avec notamment ses remarquables installations hydrauliques

Le domaine et le système hydraulique de JOVIAC

Après une présentation extrêmement succincte du remarquable système hydraulique, qui fit l'objet d'une visite par notre association en février 2001, on trouvera ici la très intéressante mise au point sur « la protection du site et du patrimoine historique de JOVIAC » parue dans la Lettre de Joviac n°15 (juin 2001).

Remarquable, ce système ou plutôt cet ensemble de systèmes hydrauliques l'est à la fois par son étendue, par sa complexité et surtout par son exceptionnel état de conservation. Construits en effet en deux phases, d'abord à partir de 1594 par le créateur du domaine, Jacques d'Hilaire, puis vers 1664 par son petit-fils François d'Hilaire de Jovyac, tous les ouvrages, sauf la roue qui actionnait le moulinage, sont encore en place.

L'ensemble associe un réseau de conduites souterraines en terre cuite et un réseau aérien comportant un barrage, un canal d'amenée et un grand aqueduc. Il avait la triple fonction d'assurer l'alimentation du domaine en eau domestique, agricole et industrielle (moulinage de la soie).

Mais il est important de savoir qu'une menace grave pèse sur ce patrimoine exceptionnel.

Voici ce qu'en disent D. Bouix et F. Conac de l'Association des Amis de Joviac, dans leur ouvrage « Le domaine et le système hydraulique de Joviac (XVIe-XVIIe siècle) », sous le titre:

« UN IMPÉRIEUX DEVOIR DE MÉMOIRE »1

Nous avions eu l'idée d'approfondir notre connaissance de Joviac et de consigner le résultat de nos recherches dans un livre, quand s'est précisée, en 1999, la menace que les tracés nord de contournement de la ville du Teil par la R.N. 102 faisaient peser sur Joviac : destruction de la béalière, inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, destruction des sources de la Montagnole, détérioration des sources et de l'environnement de Mayour. Détérioration des abords du château de Joviac, lui aussi inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, et atteintes graves et irréversibles à un site, qualifié de « grande qualité rare à préserver » dans le P.O.S. de Rochemaure, enfin disparition d'une plante rarissime, la « corroyère », qui valut à la forêt de Joviac d'être déclarée ZNIEF de type 12.

D. Bouix et F. Conac Le domaine et le système hydraulique de Joviac

Il nous paraît essentiel que tous les vrais défenseurs du patrimoine, dont Cévennes Terre de Lumière s'honore de faire partie, apportent leur soutien à l'Association des Amis de Joviac dans le combat énergique qu'elle mène pour ne pas laisser commettre ce que René Rémond, dans sa préface à l'ouvrage cité, qualifie de « crime contre la mémoire ».

1 Ouvrage édité au profit de l'association « Les Amis de Joviac »
Château de Joviac - 07400 ROCHEMAURE

2 ZNIEFF: Zone naturelle d'intérêt écologique, floristique ou faunistique ayant fait l'objet d'un inventaire scientifique national sous l'autorité du Muséum d'Histoire Naturelle, pour le compte du Ministére de l'environnement. Les zones de type I sont celles « d'intérêt biologique remarquable », tandis que le type II recouvre les grands ensembles naturels.
Référence: https://fr.wikipedia.org/wiki/Zone_naturelle_d%27int%C3%A9r%C3%AAt_%C3%A9cologique,_faunistique_et_floristique

C'est un bassin rond d'une dizaine de mètres de diamètre et profond d'environ 1,5 m.

Il est alimenté par la rigole de surface qui reçoit l'eau de la béalière et sert de réserve pour l'arrosage. Il semble dater de la construction du deuxième système hydraulique (vers 1660).

Le puits du château

De grande taille (1,85 m de diamètre), il est situé à l'intérieur des murailles. Il fut en effet creusé par Jacques d'Hilaire après l'installation du premier système hydraulique (début XVIIe s.) car, dans le climat d'insécurité dû aux guerres de religion, il craignait qu'en cas de siège, ses ennemis puissent découvrir et obturer la prise d'eau de son installation.

L'arrivée de l'aqueduc et les réservoirs

Au premier plan, les deux constructions à la couverture de style exotique sont des réservoirs. On ignore la date de leur construction.

Au fond, on voit l'arrivée de l'aqueduc, contre la façade du bâtiment qui abritait le moulinage.

On pense donc que la roue à augets qui actionnait ce moulinage, dont l'existence est attestée dans les archives, se trouvait contre ce mur, recevant ainsi directement l'eau amenée par l'aqueduc.

LA PROTECTION DU SITE ET DU PATRIMOINE HISTORIQUE DE JOVIAC
(La Lettre de Joviac n° 15, juin 2001)

Le projet de contournement du Teil (RN 102) continue d'être un sujet de préoccupation pour l'association des Amis de Joviac.

Au cours d'une réunion d'information tenue en mairie du Teil en 1999, les représentants de la DDE (Direction départementale de l'Equipement) avaient indiqué que deux options étaient à l'étude, l'une par le nord et l'autre par le sud du Teil. Chacune comportait trois tracés différents, présentés sur des panneaux à la mairie du Teil puis à celle de Rochemaure, en présence de techniciens de la DDE. L'association a inscrit ses remarques sur le registre mis à la disposition du public. Il est apparu que les tracés nord avaient des impacts forts sur Joviac, la forêt, le site, le système hydraulique et ses sources.

Les précédents P.O.S. du Teil et de Rochemaure, ayant été annulés le 1er décembre 1999 par le tribunal administratif de Lyon, les nouveaux P.O.S. révisés ne comportent plus aucun tracé de voies de contournement. Au cours de la seconde enquête publique nous avons demandé, par l'intermédiaire du registre, que le classement de la forêt de Joviac en Z.N.I.E.F de type 1 soit expressément mentionné dans les P.O.S.

Le renforcement de la protection du système hydraulique.

A la suite des recherches menées depuis plusieurs années dans les archives et sur le terrain, le système hydraulique s'est révélé beaucoup plus complexe et rare qu'on ne l'avait imaginé. A des réseaux de canalisations souterraines installés du vivant d'Olivier de Serres et inspirés par ses enseignements, s'étaient ajoutés vers 1660 de grands ouvrages de surface liés à une roue hydraulique disparue au XIXe siècle dont le mouvement animait des moulins d'une des plus anciennes « fabriques en soie » du Vivarais. Il est apparu que le système, déjà inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, méritait d'être classé.

Un dossier en ce sens a été constitué. Le 25 février 2000, la commission régionale du Patrimoine et des Sites de Rhône-Alpes a émis un vote favorable à l'unanimité au classement du système hydraulique et des sources qui l'alimentent. La commission supérieure du Patrimoine réunie à Paris le 25 octobre, a voté elle aussi pour ce classement à une forte majorité. L'arrêté devrait intervenir prochainement.

A l'initiative de l'association, en octobre 2000, deux rapports d'hydrogéologie sur la zone des sources ont été adressés à la D.R.A.C. ( Direction régionale des Affaires Culturelles ) de Rhône-Alpes et à la Direction du Patrimoine.

Depuis le printemps 2000, l'association des Amis de Joviac est membre de l'Association « Prospective entre Rhône et Coiron », qui comprend également deux autres associations: le « Comité des quartiers de la Sablière » (Le Teil) et le « Comité des quartiers sud de Rochemaure ». En liaison avec le maire de Rochemaure et d'autres élus ardéchois, Prospective entre Rhône et Coiron a rencontré des élus de la Drôme, considérant que le choix d'un tracé de contournement du Teil concerne également la plaine de Montélimar et l'accès aux zones industrielles de la rive gauche du Rhône. Ils ont enregistré l'intérêt de la plupart de leurs interlocuteurs pour le point de vue qu'elle soutient.

Une délégation de « Prospective entre Rhône et Coiron » a été également reçue le 6 novembre 2000 par Madame la Directrice départementale de l'équipement de l'Ardèche. Ses représentants lui ont fait part de leurs oppositions au tracé nord. Car cette option apporterait de sérieuses pollutions aux quartiers habités tant sur le Teil que sur Rochemaure, en affectant un patrimoine historique et dégradant irrémédiablement un site que le rapport de présentation du P.O.S. de Rochemaure qualifiait de « grande qualité, rare, à préserver ».

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