Écrit par : Ludovic
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Ensembles fortifiés se trouvant sur le plateau de Jastres

Dernières nouvelles:

L’Assemblée générale de l’Association de Sauvegarde du Plateau de Jastres a eu lieu le 25 juin 2004 à la Mairie de LUSSAS . Lors du rapport moral, le président Michel BOYER a rendu compte des derniers développements obtenus en vue de la protection de l’oppidum. En effet, l’acquisition foncière de l’ensemble du site de Jastres nord par la commune est en voie de conclusion et la municipalité va enfin pouvoir demander le classement du site. Cette mesure importante permettra de passer à la phase de mise en valeur du site.

Lors de son exposé, Michel BOYER a rappelé l’aide que lui a apporté notre association, en particulier en aidant au débroussaillage du rempart dans le cadre de l’opération de « Débroussaillage de printemps » programmée chaque année par le Ministère de l’Environnement et la D.D.A.F., opération qu’il est prévu de renouveler.

Consolidation de l’oppidum

Le devenir de l’oppidum de Jastres a été à l’ordre du jour du Conseil municipal de Lussas du 9 septembre 2004. La question de sa consolidation a été abordée, un plan de financement, élaboré avec l’Europe, la DRAC, le département, a été adopté pour un montant de 52 500 € (article de « La Tribune » du 23/9/04).

En outre un article de Claude LEFEBVRE, publié dans le n°757 (janvier-mars 2004) de la Revue du Vivarais fait un point très complet sur les recherches sur les Oppida du plateau de Jastres (pp. 5-30). Rappelons que Claude LEFEBVRE, professeur agrégé, chargé de cours à l’Université de Metz, chercheur associé à l’UMR 154 du CNRS, a conduit, de 1974 à 1993, les recherches sur Jastres et a permis de mettre au jour cette spectaculaire fortification, maintenant datée du IIème s. av. J.-C. au début de notre ère.

Pour se procurer ce numéro, veuillez contacter: www.revueduvivarais.fr

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A envoyer à Michel Boyer « Maihagard » 07120 LUSSAS. Merci !


Deux ensembles fortifiés se trouvent sur le plateau de Jastres, au bord de la falaise qui domine l'Ardèche et la plaine d'Aubenas, constituant ainsi un poste d'observation naturel de l'axe de circulation qui longe le pied des Cévennes. Ils sont situés sur la voie cévenole, réutilisée à l'époque romaine, qui reliait la vallée du Rhône (Le Teil) et le Massif Central (par Alba, Jastres puis le col du Pal).

Sur la partie la plus élevée du plateau, Jastres-Sud est un grand enclos de près de 13 ha, protégé par un rempart rectangulaire, sans tour, mais dont la fonction défensive est claire. Comme à Jastres-Nord, de nombreuses balles de jet y ont été retrouvées. Il s'agissait vraisemblablement d'un lieu de refuge dans lequel des troupeaux pouvaient être regroupés. Sa construction remonte sans doute au IIe siècle avant notre ère.

Le rempart de Jastres-Nord a été dégagé grâce à des campagnes de fouilles archéologiques entreprises en 1974 et menées à bien par l'équipe de Claude Lefebvre (Université de Metz) au cours de près de seize campagnes d'été. Le rempart est renforcé par sept tours et sa hauteur dépasse encore quatre mètres au point le plus élevé. Cet éperon barré représente une superficie de 7 ha. Trois remparts successifs ont été construits à cet emplacement. Le premier mur, sans tour, date du IIe siècle avant notre ère, un peu avant la conquête de la région par Rome. Il est aujourd'hui arasé et ne se distingue qu'à l'intérieur du périmètre actuel. Le second mur, construit en gros appareil, de blocs réguliers, possédait des tours carrées accolées au rempart et suit un tracé permettant d'englober un périmètre plus vaste que le précédent. Il a été construit au cours du Ier siècle avant notre ère, à l'époque où les Helviens étaient devenus les alliés de Rome alors que les tribus gauloises indépendantes du Massif Central et des Cévennes lui restaient hostiles, jusqu'à leur dernière défaite lors de la guerre des Gaules (58 à 52 av. J.C.). Ce site fortifié avait pour but la protection des Helviens contre ces tribus. Le troisième rempart (état actuel) a été construit à la fin du Ier siècle avant notre ère et s'adosse au deuxième, constituant un large mur contenant trois parements, le parement médian étant celui du second rempart.

Il est caractérisé par une alternance de tours rondes et de tours carrées ainsi que par un dispositif en chicane pour défendre l'entrée. Il protège un habitat permanent, de type urbain. La ville fortifiée a pourtant été abandonnée peu après, au début du Ier siècle de notre ère, à l'époque de la fondation d'Alba, au moment où l'évidence de la paix romaine explique l'abandon des sites fortifiés de hauteur. C'est ce troisième état qui donne à la fortification son allure monumentale encore visible aujourd'hui, avec l'alternance de ses tours rondes et de ses tours carrées. Ces tours, creuses, étaient couvertes d'une toiture de tuiles et l'on y accédait par une porte donnant sur le chemin de ronde, en dessous du niveau d'arasement actuel. Malgré cette apparence militaire, cette dernière construction n'avait pas de raison défensive et répondait sans doute à une fonction de prestige : manifester la présence d'une autorité politique que Rome a pu vouloir remercier de son appui lors de la guerre des Gaules.

Ces deux places fortes existaient lors de l'insurrection conduite par Vercingétorix et l'on peut se laisser aller à imaginer que, en 54 av. J.C., le plateau de Jastres a servi de lieu de cantonnement à des unités des légions de Jules César en route pour rejoindre Gergovie (près de l'actuelle Clermont-Ferrand).

L'Association de Sauvegarde du Plateau de Jastres

Créée le 8 janvier 1981, cette association a pour objet la prospection, l'entretien et la poursuite des fouilles des sites archéologiques du plateau de Jastres et de ses environs. Son siège social est situé à la Mairie de Lussas.

Les fouilles sont terminées depuis huit ans, le site est inscrit à l'inventaire des monuments historiques. Mais s'il n'était pas consolidé par des travaux de maçonnerie, il faudrait recouvrir le rempart avec les éboulis que les archéologues ont dégagés, avant que les intempéries ne ruinent ses derniers vestiges. Pour éviter cette triste éventualité, l'ASPJ travaille avec la municipalité afin de faire aboutir un projet d'acquisition, de consolidation et de mise en valeur historique et touristique de ce rempart exceptionnel, en collaboration avec le Conseil général et grâce à l'aide de la Région et de l'Europe.

La seconde campagne de consolidation, conduite en 1996 par l'association CARA (Chantiers Archéologiques Rhônes-Alpes), a porté sur la courtine F, entre la tour IV et la tour V, consolidée en 1995 lors de la première campagne de consolidation. L'équipe de Guy Méral a relevé et cimenté le haut du parement ainsi que les niveaux et les murs d'arrêt de travail que les fouilleurs dirigés par Claude Lefebvre avaient mis en évidence. Leur disposition, très pédagogique pour les visites du site, est désormais préservée. La troisième campagne se termine en 2001 et a permis la consolidation des parties les plus menacées du parement sud ainsi que la remise en état d'un escalier du parement nord. Mais il est plus nécessaire que jamais que le rythme de ces chantiers de consolidation s'accélère et que la municipalité achève d'acquérir le site.

L'ASPJ a besoin de tout votre soutien.

Son bureau est constitué de Michel Boyer, président, et de Jean-Michel Paris, trésorier. La cotisation est de 100 F. Une cassette vidéo de 30 mn, réalisée par Christian Tran lors de la dernière campagne de fouilles (été 1993), est toujours disponible au prix de 100 F.
(ASPJ, Michel Boyer, 07170 Lussas)

Texte de Michel BOYER - Photographies de Roland COMTE.

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