Mas de la Vignasse (Musée A. Daudet) / St. Alban-Auriolles

C'est notre vice-président Jean PRAT qui s'était chargé d'organiser cette Assemblée générale. Pour la première fois, celle-ci se tient au Mas de la Vignasse, Musée Alphonse Daudet où nous sommes accueillis par Nelly DUPLAND, et sa collègue qui nous conduisent dans la belle salle de réunion, voûtée, emplie d'objets anciens rassemblés là par son fondateur et disposés avec goût.

Nous avions eu l'honneur d'être reçus ici même par Roger FERLET lui-même, homme à forte personnalité. C'était dans les années 1980, aux tout débuts de notre association. Nous y étions revenus en 1991 après le décès de M. Ferlet et avions été accueillis par M. DUBOIS, qui avait fait, avec sa femme, un gros travail de réorganisation, tout en restant fidèle à l'esprit qu'avait voulu donner son fondateur à cette belle maison paysanne.

C'est avec plaisir que nous avons retrouvé l'ambiance que nous avions connue, à peine modifiée par les ans, un peu comme on retrouve une maison amie où vous avez été hébergés dans votre enfance.

L'Assemblée générale de l'association Cévennes Terre de Lumière s'ouvre en présence d'environ soixante-dix adhérents.

Après avoir remercié le personnel du Musée et la commune de St. Alban-Auriolles pour son accueil, le président Roland COMTE lit un communiqué.

Allocution du président :

Chers adhérents et amis, Je vous remercie tous d'être venus aussi nombreux à cette Assemblée générale. Vous savez tous combien cette année a été difficile pour les raisons que l'on connaît.

Je voudrais avant tout saluer la mémoire de ceux qui nous ont quittés cette année : en particulier, en début d'année, Lucienne BLANCON, de St. Etienne-de-Fontbellon, adhérente depuis 1984, qui avait été notre doyenne et Solange SERRE, décédée pendant l'été. Au nom de notre association, je présente à sa fille Christiane, qui est dans la salle, toutes nos condoléances. Je ne peux penser à Solange sans évoquer tout ce que nous avons découvert grâce à elle, toutes ces petites églises romanes dispersées autour de Bourg St. Andéol dont, grâce à l''estime dont elle jouissait, elle avait pu nous faire ouvrir les portes. J'ai aussi en mémoire l'accueil chaleureux qu'elle nous avait réservé lorsqu'elle nous avait reçus, en 1985, dans sa maison du Briançonnais pour un stage de botanique.

Je dois ajouter, hélas, encore plus, le décès d'Irène BERARD, maman de mon amie Noëlle (par ailleurs membre d'honneur de notre association - et grand-mère de ma filleule Carla). Beaucoup d'entre vous les connaissent car, adhérentes de la première heure (depuis 1978), bien qu'habitant la Haute-Savoie, elles ont fait de nombreux voyages avec nous.

Je voudrais aussi que nous pensions à tous ceux qui ne peuvent être des nôtres aujourd'hui, soit par simple empêchement, soit qu'eux-mêmes luttent contre la maladie, soit qu'ils assistent un des leurs dans son combat. Tout cela pour dire que nous avons beaucoup de chance, lorsque nous sommes épargnés, d'avoir la vie que nous avons, entourés de notre famille et de nos amis et que chaque moment de bonheur est précieux. Cela relativise les querelles qui ont émaillé la vie de l'association ces derniers temps et qui ne sont rien comparées aux 28 années sereines que nous avons connues auparavant.

Notre programme étant chargé, je souhaiterais ne pas m'y étendre mais je ne veux pas non plus faire l'impasse sur le courrier posté de Joyeuse sans mention d'expéditeur que la plupart d'entre vous avez reçu début septembre. Sur le moment, ma première réaction a été de ne pas y répondre. Dans un deuxième temps, submergé d'appels d'adhérents et d'abonnés inquiets, j'ai pensé faire une réponse très brève dans le seul but d'informer les adhérents que nous n'étions (nous, c.-à-d. le bureau, le Conseil d'administration) pour rien dans ce courrier et que nous désapprouvions une telle démarche. Il se posait aussi la question de l'utilisation abusive de la liste de nos adhérents ce qui, rappelons-le, pourrait tomber sous le coup de la loi (art. 226-18 du code pénal sur le respect du droit à la vie privée).

Après divers avis, comme le C.A. se réunissait le 2 octobre, nous avons préféré attendre celui-ci pour prendre une décision commune. Celui-ci a tranché en décidant de s'exprimer exclusivement par un bref communiqué proposé par André CELLIER, ici présent, et adopté à l'unanimité. En voici le texte:

« Le C.A. décide d'ignorer les pratiques d'anciens adhérents qui reviennent sur des problèmes que nous considérons comme réglés. Notre seul but est de faire vivre l'association avec tous ceux qui le désirent dans une ambiance sereine. »

Nous ne ferons pas d'autres commentaires et souhaitons maintenant nous consacrer à la vie de l'association et à ses projets.

Rapport moral

Sont ensuite présentées les activités de l'association pendant l'année écoulée: celles-ci, toujours très suivies, ont permis à de nombreux adhérents de découvrir des aspects souvent méconnus du patrimoine vivarois, parmi lesquels le Sentier René Roche, la voie romaine des Helviens à Vagnas, les sentiers de Villeneuve-de-Berg, la visite historique de Joyeuse, mais aussi des départements limitrophes: Canaux de Valence, Les Fumades & château Allègre dans le Gard. L'association participe aussi régulièrement depuis leur début aux Journées du patrimoine.
Cette année, le thème en était la visite du château d'Uzer, exceptionnellement ouvert pour notre association par ses propriétaires, Mme et M. CHEVALIER, qui l'ont restauré avec goût.

Rapport financier

Le rapport financier, présenté par la trésorière, est stable et équilibré (5969 € en débit pour 6612 € de crédit), et fait apparaître une réserve financière suffisante pour réaliser plusieurs projets, en particulier :

  • Publication du deuxième volume de l'ouvrage « Dans les pas de Cévennes Terre de Lumière » qui sera consacré au Haut-Vivarais (pour laquelle une aide du Conseil Général de l'Ardèche et une subvention de la Mairie d'Aubenas ont été obtenues);
  • Refonte et mise à jour du site Internet par un professionnel;
  • Voyage à Rome (printemps 2005)

Le taux des abonnements, sans augmentation depuis dix ans nécessite cependant une mise à jour, ce poste étant actuellement déficitaire. Par contre, le Conseil propose seulement une actualisation des tarifs de cotisations pour les harmoniser avec le passage à l'euro.

Un vote entérine ces propositions, l'Assemblée allant au-delà de celles-ci pour les cotisations, estimant qu'elles ont à être aussi légèrement augmentées pour 2005.

Les tarifs d'abonnement et de cotisations sont donc les suivants pour l'année 2005 :

Cotisations

  • Cotisation individuelle: 12,50 €
  • Cotisation de couple: 19,00 €
  • Revenus modestes: 6,50 €

Abonnements

  • Abonnement seul: 21,50 €
  • Abonnement + cotisation individuelle: 31,00 €
  • Abonnement + cotisation couple: 36,50 €
  • Abonnement + revenus modestes: 25,00 €

Le rapport moral et financier, ainsi que la composition du Conseil d'administration renouvelé, sont approuvés à l'unanimité:

Celui-ci se réunira prochainement pour élire son bureau.

En raison de sa taille, le groupe se scinde en deux pour une visite guidée du Musée. Puis les participants se rendent au restaurant le Valentin où le déjeuner est réservé.


SAINT-ALBAN ~ AURIOLLES par Roland COMTE

Le Mas de la Vignasse

Nous étions déjà venus à la Vignasse du vivant de son fondateur, Roger Ferlet et avions, à la suite de cette visite, échangé nos revues pendant quelque temps. Monsieur Ferlet, écrivain ardéchois et ancien directeur de « La Vie du rail » s'était rendu acquéreur en 1937, de cette imposante propriété agricole qui avait appartenu, depuis 1645, à la famille Reynaud, branche maternelle de l'écrivain Alphonse Daudet (1840-1897). Il en avait fait, non sans mal, un musée privé, dédié au souvenir de l'écrivain, qui fut ouvert en 1953. Sa femme et lui y rassemblèrent tout ce qui pouvait honorer sa mémoire : ouvrages originaux, peintures, manuscrits, correspondances, objets divers ayant appartenu à Daudet ou à sa famille. Une association fut créée: « Les Amis d'Alphonse Daudet ». Pendant longtemps, elle fut pionnière pour le maintien des traditions ardéchoises et la protection du patrimoine et publia, dans les années 1980, une revue, Le Petit Chose, dont nous possédons encore quelques numéros dans notre documentation.

Après le décès de Roger Ferlet intervenu le 2 février 1983, son épouse tenta de maintenir ouvert le musée jusqu'en 1989. Il aurait sans doute disparu sans l'initiative de la mairie Saint-Alban-Auriolles qui s'en rendit acquéreur avec le Conseil général, en 1990. La conservation en fut confiée, dans un premier temps, à M. Jean-Gérard Dubois qui, avant de rouvrir le musée, se livra, aidé de son épouse, à un énorme travail d'inventaire, de dépoussiérage et de réorganisation des extraordinaires richesses accumulées pendant si longtemps par son créateur.

Nous y étions retournés à cette époque et nous conservons un très bon souvenir de cette visite conduite par M. Dubois, visite dont nous avons rendu compte dans notre livre Dans les pas de Cévennes Terre de Lumière, vol. 11. Le résultat de cette réhabilitation, qui respectait l'ambiance voulue par son fondateur, nous avait enthousiasmé. Aussi bien dans les cours que dans les pièces, c'est tout le passé d'un authentique mas cévenol qui resurgit au travers des meubles, outils, ustensiles d'antan : choses rares, désuètes, certaines au contraire encore connues de plusieurs d'entre nous. Tout ce qui est rassemblé là nous fait revivre les temps anciens.

1 Dans les pas…, « Le Mas de la Vignasse », pp. 65-66.

Sous un calabert une remarquable collection de charrues dont la plus ancienne remonte à 1700 et la plus récente à 1900 ; la forge et tous les instruments nécessaires à toute exploitation rurale importante - ce qui était le cas de ce mas - pour reforger les outils agricoles usés ou cassés ; l'alambic en cuivre martelé.

Au premier étage, nous admirons une pièce unique, un métier à tisser du XVIe siècle, avec son étoffe en cours de travail : il a été trouvé muré derrière la cloison d'une maison cévenole. Son histoire, dont on ne connaît pas tout le détail, nous ramène à un épisode historique tragique (sans doute au moment des persécutions religieuses) : le tisserand, (dont il était probablement l'unique richesse) fut amené à quitter précipitamment sa maison... et ne put jamais revenir terminer son travail. Dans la même pièce, ont été regroupés tous les objets relatifs à l'élevage des vers et au travail de la soie.

Dans la cuisine dotée d'une cheminée monumentale, une miche de pain posée sur la grande table de bois accueille l'arrivant. Dans une des chambres sont présentées avec goût et d'une manière originale de merveilleuses dentelles anciennes.

Dans d'autres pièces sont exposés des souvenirs d'Alphonse Daudet : peintures, dessins, ouvrages originaux annotés de sa main, manuscrits, correspondances (plus de quatre cents lettres et trente manuscrits et, en tout quatre mille pièces et documents divers).

La maison est entourée d'un beau parc où se promènent en liberté des paons sans lesquels le Mas de la Vignasse ne serait plus tout à fait le même.

Du Mas, nous nous rendons au restaurant Le Valentin, à St. Alban, où un repas convivial nous attend.

Après l'avoir terminé, nous partons en randonnée à travers le village aux belles maisons construites en pierre froide2. Pas très loin du centre du village, Jean Prat nous montre une grande maison dans laquelle a existé, au XIXème siècle, une école de Basiliens. Peu d'entre nous savent ce que sont ces Basiliens.

2 Cette pierre d'extraction locale, utilisée pour la construction, est un calcaire blanc bleuâtre, très dur, du Jurassique supérieur (Cf. « Carrières et carriers de Ruoms », par Paul Jourdan, Les Cahiers de Cévennes Terre de Lumière, n°4 (1995) / Toujours disponible.

Les Basiliens

Leur origine est à rechercher dans la fondation, en 1800, à St. Symphorien de Mahun, près Annonay, d'un petit séminaire-collège. Dans un premier temps, ce séminaire s'installa à Annonay dans l'ancien couvent des Cordeliers. En 1808, fut créé le pensionnat Sainte-Barbe, près du château d'Annonay, pour le logement des élèves séminaristes dont les effectifs étaient en expansion. En 1812, c'est l'ouverture de l'externat Sainte-Claire, destiné à accueillir les enfants de condition modeste auxquels on enseignera la tenue des livres de comptes, première école commerciale. En 1821, la municipalité d'Annonay met gratuitement à la disposition de l'institution les bâtiments des Cordeliers à condition d'y accueillir des externes. En 1822, dix professeurs du collège fondent l'association des prêtres de Saint-Basile qui se destinent à l'enseignement.1852 : l'association devient une communauté religieuse. 1867 : suite aux terribles inondations du 22 octobre 1865 qui ont endommagé les bâtiments des Cordeliers, les Basiliens s'installent sur la colline Saint-Denis où ils ont acquis les bâtiments édifiés en 1853 par les religieuses du Sacré-Cœur pour servir de pensionnat à leur école de jeunes filles ; mais ce bâtiment s'étant avéré trop vaste, elles ne peuvent l'entretenir. 1903 : A la suite de l'interdiction d'enseigner faite aux congrégations, les Basiliens sont expropriés et le collège fermé. Une association d'anciens élèves se constitue et rachète les bâtiments. 1905 : Trois Basiliens, officiellement reconnus comme prêtres séculiers, et des prêtres diocésains, ouvrent de nouveau le collège. 1914 : Le collège devient hôpital. Les pensionnaires seront logés à l'extérieur3.

3 Marie-Hélène Reynaud. « Du collège d'Annonay à la congrégation des Basiliens », in : Bull. des Amis du Fonds Vivarois, N°58 (Nov. 2001).

Les Basiliens, fondés en Ardèche en 1800, se sont installés très tôt au Canada, à Toronto en particulier, où ils se consacrent à l'enseignement secondaire et universitaire, avec des écoles dans l'Ontario et l'Alberta. Ils dirigent l'Institut pontifical des études médiévales à Toronto4. Dans l'Alberta, dans la ville de Mundare, ils ont aussi érigé un musée consacré aux origines de la branche basilienne appartenant à l'église catholique d'Ukraine5.

4 Père James HANRAHAN, Encyclopédie canadienne, 2004. Source : Site Internet www.canadianencyclopedia.ca

5 Bulletin de l'ICC (Canadian Conservation Institute) https://www.canada.ca/fr/institut-conservation.html

L'histoire de la maison de St. Alban reste assez mystérieuse. D'après des habitants, rencontrés lors de notre visite, il semblerait qu'un groupe de prêtres Basiliens y aient créé une école. Cela doit correspondre à la période où, suite aux mesures anticléricales des lois contre les congrégations (1906), ils furent expropriés et le collège d'Annonay fermé.

Le dolmen du Calvaire

Nous continuons ensuite vers le Calvaire qui domine le village. A côté de la petite chapelle rurale et sans prétention, se dresse l'un des plus beaux dolmens de la région. A l'origine, ce dolmen a fait partie d'une nécropole plus vaste. La commune peut s'enorgueillir de posséder plusieurs autres monuments de ce genre, malheureusement en bien moins bon état que celui du Calvaire. Tout le sud de l'Ardèche est riche d'une très forte concentration de dolmens avec un record pour la commune de Labeaume qui en compte plus d'une centaine.

Ces dolmens nous apparaissent de nos jours sans leur tumulus de pierres. Bien qu'appartenant au même contexte que les autres mégalithes (cromlechs et menhirs - inexistants ou peu nombreux en Ardèche), ils n'ont pas le même sens : en effet, les dolmens sont des sépultures, qui ont entre 5000 et 4000 ans. Au cours d'une période aussi longue, leur utilisation a varié. Les civilisations néolithiques à économie agropastorale ont vu le jour vers 6000 avant notre ère dans le sud de la France. Elles pratiquèrent longtemps la sépulture individuelle par inhumation. Ce n'est que vers 3000 que les tombes collectives apparaissent, regroupant les corps dans de petites grottes, des cavités artificielles ou des dolmens. Le phénomène est plus précoce (vers 4500) dans la partie occidentale de l'Europe (Portugal, Bretagne). Le mégalithisme méridional est en effet un peu plus récent que le mégalithisme occidental. Ces mutations correspondent à la dernière phase du néolithique & début du troisième millénaire (appelée civilisation de Ferrières6), peu avant l'apparition de la période suivante, dite chalcolithique (marquée par le début de la métallurgie du cuivre).

6 Du nom du site éponyme, situé dans l'Hérault.

L'architecture des dolmens ardéchois se rattache à celle qui s'est développée dans le sud-est de la France que l'on a dénommée de « type caussenard »7 : la chambre rectangulaire est délimitée par trois dalles verticales, généralement disposées en triangle plus ou moins ouvert, sur lesquelles on a placé un toit composé d'une ou plusieurs dalles horizontales. Parfois, le plus petit côté de la chambre était fermé par un dispositif amovible (petite dalle ou murette) qui a généralement disparu. L'ensemble était enseveli sous un tumulus servant aussi bien à conforter le monument qu'à le protéger (voire à le dissimuler). Dans quelques cas, rares en Ardèche, le dolmen était précédé d'un couloir délimité par des dalles dressées ou des murettes qui conduisait l'entrée8.

7 La plus importante concentration de ceux-ci se trouvant sur les plateaux calcaires dénommés « causses » (dans le Lot, l'Aveyron, la Lozère…) et « gras » (ou « grads ») en Ardèche.

8 Ce texte est largement inspiré de la présentation du dolménisme faite par Jean-Louis Roudil, directeur de recherches au CNRS, sur le site du Centre de Ressources Art et Préhistoire de St. Alban-Auriolles.

Le grand dolmen du Calvaire, à St. Alban-Auriolles9, fait partie de ce contexte. Bien qu'il ait été classé au titre des Monuments Historiques dès 1889, son emplacement au-dessus du village en a fait, de tout temps, une proie facile pour les fouilleurs clandestins qui l'ont vidé de ses vestiges archéologiques. Lors des fouilles, les archéologues modernes n'y ont rien retrouvé: « Dolmen n°4 : Grand dolmen du Calvaire. Classé M.H. Remarquable par les grandes dimensions de sa table. Depuis sa restauration, il est vide de tout dépôt sepulcral. »10

9 A ne pas confondre avec le « dolmen du calvaire, situé sous la chapelle » qui ne possède pas de dalle supérieure, et dont le tamisage effectué en 1981 n'a donné que de modestes vestiges d'une réutilisation d'époque mérovingienne (voir : Les Cahiers du Grospierrois, Bull. n°10 (Juillet 1984), p. 32 et Ardèche archéologie, n°16 (1999), p. 32.

10 Voir : Ardèche archéologie, n°16 (1999), p. 32.

Le château de Baumefort11

Avant cette visite, nous ne connaissions pas ce château qui ne se voit pas du village. Il se compose de deux corps, l'un, construit à mi-pente, a tous les caractères d'un château fort moyenâgeux : il est formé d'un corps massif de plan carré haut et étroit flanqué de tours rondes, de poivrières et de vestiges de mâchicoulis. Cette partie, encore bien conservée en raison de la belle qualité des pierres employées, remonte vraisemblablement aux XIV-XVème siècles.

11 Ou Beaumefort.

L'autre, plus récent (XVIIème-XIXème siècle), prolonge le château fort d'une aile droite rectangulaire. La façade sans ornement est percée de grandes fenêtres sur deux étages. Seul un portail classique à fronton triangulaire, encadrant l'écu des Baumefort, anime cette façade par ailleurs sans caractère si ce n'est la tour d'angle circulaire qui la protège côté nord. L'ensemble est précédé d'une grande terrasse gravillonnée décorée de vases d'Anduze dominant un beau parc à la française d'où l'on découvre, à nos pieds, tout le village et, bien sûr, au-delà de la vallée du Chassezac, l'inévitable Rocher de Sampzon.

Les armes des Baumefort, incluses dans un écu en cartouche surmonté d'une couronne comtale à neuf boules, se lisent ainsi :

« D'or, au griffon de gueules ; au chef d'azur chargé d'une fleur de lys d'or et d'une étoile de même » (L. de la Roque)12.

12 Armorial du Vivarais, p. 410.

Les plus anciens documents qui citent Baumefort remontent à 1450, date à laquelle Anne de Bournet épousa Pons d'Agulhac, seigneur de Baumefort. En 1480, Jean de Montchenu, évêque deViviers, reçut l'hommage de Pons d'Agulhac, seigneur de Sampzon et de Baumefort et coseigneur de Saint-Alban. Cet hommage fut renouvelé deux ans plus tard. Les d'Agulhac sont, jusqu'à la dernière moitié du XVIIème siècle, qualifiés de « seigneurs de Baumefort ». Cependant, Baumefort fut vendu, en 1629, aux d'Anglejan qui le revendirent, en 1752, à Charles de Richard de Saint-Alban, conseiller à la Cour des Comptes, aides et finances de Montpellier, marié, le 25 janvier 1740, à Suzanne de La Tourre. Son fils Joseph est qualifié de seigneur de Baumefort, baron de Grospierres, Saint-Alban et La Baume, La Roche, Baumefort et Ligonnès13. Cette famille était originaire du Comtat Venaissin, d'où un rameau vint se fixer en Vivarais. Elle prit part aux assemblées de la noblesse tenues à Villeneuve-de-Berg, pour la convocation des Etats généraux de 1789, en la personne de « noble Joseph Richard de Beaumefort, Saint-Alban, Grospierres, la Roche et autres places… ». Ledit Joseph était garde du corps du Roi, ainsi que ses trois frères, chevaliers de Saint-Louis, émigrés et officiers de l'armée de Condé14. Le château appartient toujours aux descendants de cette famille.

13 Les châteaux historiques du Vivarais, pp. 24-26

14 Armorial, pp. 410-411.

St. Alban-Auriolles

St. Alban et Auriolles ont fusionnée en 1972.

La plus ancienne dénomination d'Auriolles est sancti Stephani (Charta vetus, 9ème siècle). En 1275 (Décimes), nous voyons apparaître les graphies Elione, Oliona ou encore Aliola. Nous trouvons aussi Olivola, qui est sans doute dû à la déformation d'un graphiste, dans les Décimes du XIVème. Il faut attendre la carte de Cassini (XVIIIème) pour trouver la graphie Auriole sur Sampzon. L'église est d'origine très ancienne puisque placée sous le vocable de St. Etienne, elle fut remise vers 1111 par Léodegaire, évêque de Viviers, aux moines de Cluny15.

15 Dict. topogr. De l'Ardèche, p. 59.

Quant à St. Alban, les Décimes de 1275 le citent sous le nom de Sancti Albinus subtus Samsonen, qui variera assez peu jusqu'à la dénomination actuelle. L'église, brûlée par les camisards en 1703, fut entièrement reconstruite. Ce saint Alban, dont une statue en bois doré figure dans l'église, est un saint d'origine britannique. Son histoire est racontée par Bède-le-Vénérable, historien de l'église d'Angleterre (672-735). Verulanium, ville romaine, a depuis pris le nom de St. Albans (Hertfordshire). Saint Alban, qui vécut en l'an 209, était un païen qui, par charité, recueillit chez lui un prêtre chrétien poursuivi par la police romaine. Pour protéger le prêtre, il se fit passer pour lui et, arrêté, il fut mis à mort à sa place. Les Anglais le considèrent comme leur premier martyr16.

16  https://croire.la-croix.com/ et page wikipedia : Alban de Verulanium

Bibliographie

  • Ardèche archéologie, n°16 (1999) [P 045] ;
  • BENOIT D'ENTREVAUX, Florentin. Les châteaux historiques du Vivarais. Grenoble, Ed. des Quatre Seigneurs, 1972 [L 172] ;
  • BENOIT D'ENTREVAUX, Florentin. Armorial du Vivarais. Marseille, Laffitte reprints, 1995 (rééd. de l'édition de Privas de 1908) [L 552] ;
  • Cahiers du Grospierrois, n°10 (1984) [P 010] ;
  • CHARRIE, Pierre. Dictionnaire topographique du département de l'Ardèche. Paris, Guénégaud, 1979 ;
  • Dans les pas de Cévennes Terre de Lumière, vol. 1 : Ardèche méridionale. Aubenas, Cévennes Terre de Lumière, 2002 ;
  • Le Petit Chose, revue des Amis d'Alphonse Daudet [P 023]REYNAUD, Marie-Hélène. « Du collège d'Annonay à la congrégation des Basiliens », in : Bulletin des Amis du Fonds Vivarois. N°58 (nov. 2001) [P 019] ;
  • Divers articles de presse ;
  • Consultation des sites Internet cités dans les notes.

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