Hommage à Pierre POTTIER : Une vie consacrée au patrimoine

Portrait de P. Pottier réalisé par © Marie-Hélène Dumas (d’après photo de Maud)
Reproduction autorisée par l’auteur

Pierre POTTIER, restaurateur émérite du Château de Ventadour, est mort le 4 juillet 2018 à l’âge de 83 ans.

A notre demande, son épouse, Françoise, nous a adressé la biographie de son mari rédigée par son fils Rémi et sa belle-fille Claire. Ne pouvant la citer in extenso, nous nous en sommes largement inspiré pour cet hommage.

« Tenir, tenir et résister ! », tel est le crédo qui pourrait annoncer l’histoire de la vie de Pierre POTTIER (...) Retracer à présent (son) chemin de vie hors norme permet de mieux comprendre cette volonté qui a guidé sa vie et qui a entraîné dans la passion de son élan celle de nombreuses personnes.

Pierre naît en 1935. C’était un enfant prématuré d’à peine sept mois qui ne pesait qu’1 kg 500. Ses débuts furent difficiles. Ses parents tenaient une librairie-imprimerie à Villers-Cotterêts (Aisne). Âgé de 4 ans, il s’occupe à dessiner les toitures de l’abbaye de Longpont, alors en ruine. Pensant que c’était la guerre qui en était responsable, il interrogea son père qui lui apprit que la cause en était la Révolution et « la bêtise et la
méchanceté des hommes ». Dès lors, il n’eut de cesse que de vouloir sauver le patrimoine.

Il n’a que 15 ans au décès de son père. Il apprend l’ébénisterie puis la mécanique et l’ajustage à Pierrefonds. A 17 ans, encore en plein questionnement, il envisage de devenir moine à l’abbaye cistercienne Notre Dame du Port du Salut à Entrammes (Mayenne).

En 1956, il part pour la guerre d’Algérie. Revenu en France début 1958, marqué par cette guerre, il part à Paris où il travaille dans un atelier de maquettes qui prépare l’exposition universelle de Bruxelles (1958).

Marié en 1960, il a deux enfants, Eric et Blandine, d’une première épouse.

L’année 1964 marque les débuts de son engagement en faveur du patrimoine : il est alors engagé par la ville de Crépy-en-Valois (Oise) pour sauver l’abbaye de Saint Arnoul. Dès lors, les sauvetages s’enchaîneront : abbaye de Vauclair (1965), création de l’association des monuments de l’Oise... En 1965 et 1968, il reçoit le Prix des Chefs d’œuvre en péril, la fameuse émission de Pierre de Lagarde et il est lauréat de la Fondation de la Vocation (Au cours de sa vie, il sauvera 65 monuments de la ruine !)

Parallèlement, il se forme à la restauration du patrimoine auprès de l’Institut supérieur des Monuments Historiques de l’Ecole de Chaillot.

Dans le même temps, il s’attelle au sauvetage in extremis de l’abbaye Notre-Dame de Lieu-Restauré (Oise) pour lequel il remporte un nouveau prix. C’est grâce à lui qu’il achètera les ruines du Château de Ventadour. L’odyssée de sa restauration, qui devait durer un demi-siècle, commença à partir de 1968. Il ne laisse pas pour autant tomber ses autres chantiers, auxquels il se consacre pendant l’hiver. Il y eut, entre autres, en 1979, la création de l’Association de Sauvegarde du Fort de Condé, des églises et monuments en péril du Sud-Picardie qui permit le sauvetage de nombreux édifices dont le Fort de Condé, l’un des monuments les plus emblématiques de cette région.

En 1972, il rencontre Françoise, alors bénévole sur un de ses chantiers, qui deviendra sa deuxième épouse et qu’il entraîne dans l’aventure.

En 1974, après un hiver glacial dans les ruines de Ventadour, Françoise met au monde Rémi.

A partir des années 1980, Pierre devient un personnage incontournable quant à la sauvegarde du patrimoine en Picardie. Les rôles sont définis au sein du couple : Pierre remue les foules et rassemble les fonds tandis que Françoise, plus discrète, mais tout aussi efficace, gère la partie administrative et financière des projets. Ce qui ne l’empêchera pas de mettre aussi la main à la pâte, en conduisant pelles mécaniques et camions, réalisant des vitraux, taillant la pierre, dessinant des plans ou traçant des épures sous le regard curieux de leur fils.

En 1990, le Château de Ventadour devient un important chantier où se relaient, chaque été, une 50e de bénévoles. En 50 ans, ce seront plus de 7000 bénévoles, dont beaucoup venus de l’Union REMPART, dont Pierre POTTIER fut un des co-fondateurs, qui travailleront et se formeront à Ventadour.

En 1997, un prix de la Française des Jeux permet de financer la reconstitution des hourds en bois qui redonnent au château sa noblesse moyenâgeuse.

Notre association ou ses membres se sont souvent rendus, depuis 1976, au Château de Ventadour. A chaque visite, ils y étaient chaleureusement accueillis par Françoise et Pierre POTTIER qui leur montraient, avec fierté, les progrès accomplis pour redonner à la forteresse sa gloire d’antan. En 1997, nous avions publié le compte rendu d’une de nos visites, illustrée en couverture d’un dessin du château réalisé par Raymond COMTE.

Au nom de Cévennes Terre de Lumière, nous présentons à Françoise et à ses enfants toutes nos condoléances les plus attristées pour la perte d’un homme irremplaçable et nous reprendrons, à son sujet, la belle phrase de Saint-Exupéry dans Terre des Hommes, citée par ses enfants en conclusion de sa biographie : « Être un homme, c’est sentir, en posantsa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. » Sans doute que, s’il l’avait connu, l’auteur de l’inoubliable Petit Prince la lui aurait dédiée.

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