Salavas: Le château, le village médiéval, les églises de la Gleizasse (3 mars 2002)

Dimanche 3 mars 2002, les membres de Cévennes Terre de Lumière se sont retrouvés à l'entrée de Salavas pour la visite de ce village situé sur la route départementale 579 reliant Barjac et Vallon-Pont d'Arc, proche de cette dernière localité dont il n'est séparé que par la rivière Ardèche.

L'ancienne voie romaine d'Antonin le Pieux, que cet empereur avait fait aménager au milieu du IIe siècle après J.-C. et qui reliait Nîmes à la vallée du Rhône par Alba, passait à Salavas. Deux milliaires y sont d'ailleurs visibles1.

1 Voir à ce sujet la page : Les milliaires ardéchois sur le présent site.

Cette commune de 500 habitants comprend également de nombreux hameaux. Le bourg que traversent chaque jour des dizaines d'automobilistes, certainement plusieurs centaines pendant les mois d'été, mérite une visite approfondie, c'est ce que nous avons décidé de faire aujourd'hui.

Une fois de plus, nous avions sollicité les Amis de l'histoire de la région de Vallon. Aussi sommes nous accueillis par Bernard et Jeanine Beuzeboc, salavassiens membres de cette association, qui ont eu la gentillesse de bien vouloir être nos guides. Le hasard a voulu que le jour choisi soit celui du carnaval de Salavas , et d'emblée dès notre arrivée, nous remontons le cours de l'histoire de plusieurs siècles car c'est costumés en bourgeois du Moyen Âge que Bernard et Jeanine ont décidé de nous accompagner !

Les églises de la Gleizasse

Nous visitons d'abord le site de la Gleizasse situé un peu à l'écart du bourg. Nous y sommes attendus par Robert Hemling qui y entreprit onze campagnes de fouilles avec Maurice Laforgue entre 1978 et 1988. M. Hemling nous détaille par le menu l'histoire du site et les nombreuses découvertes qui y furent faites. Les fouilles ont révélé l'existence de deux églises paléochrétiennes bâties en parallèle à la fin du IVe siècle et au début du Ve siècle, la première sur les ruines d'un temple païen, et placées sous les vocables de saint Julien et saint Jean. Rebâties plusieurs fois, ces deux églises furent définitivement détruites en 1562 lors de la première guerre de religion. Les lieux demeurèrent cimetière catholique paroissial jusqu'au milieu du XIXe siècle, puis tombèrent dans l'oubli jusqu'à ce qu'ils soient redécouverts lors des fouilles.

Des sarcophages, des sépultures en tuiles romaines, un impressionnant couvercle de tombe à décor wisigothique ont été dégagés sous l'emplacement des églises. De nombreuses sépultures du cimetière paroissial utilisé depuis le XIIe siècle, des monnaies et des bijoux de toutes époques, des poteries ou pégaus, des épingles ont été mis au jour sur l'ensemble du site. Au total, 250 sépultures s'échelonnant du Ve au XIXe siècles ont pu être étudiées.

Au château

Après avoir remercié M. Hemling pour ces passionnantes explications, nous gagnons les ruines du château de Salavas, bâti sur un éperon rocheux dominant le village et toute la région, position qui permettait de surveiller et de défendre un lieu de passage important entre le Languedoc et le Vivarais. Non loin se dresse sur la rivière Ardèche, en avant-poste, la tour dite du moulin de Salavas, et qui eut un rôle primordial lors des guerres.

La partie la plus ancienne et la plus élevée du château, dite « Logis vieux » avec ce qui fut un puissant donjon pouvant abriter deux cents hommes, date du XIIe siècle. Une vaste citerne toujours en place permettait de soutenir un long siège. Côté sud, on construisit aux XVe et XVIe siècles une seconde partie dite « Logis neuf » plus confortable et richement meublée, bordée par une vaste basse-cour. Le tout était entouré par de hautes murailles comportant plusieurs tours dont deux sont encore visibles. Bernard nous pilote dans les différents lieux de ce qui fut autrefois une formidable forteresse (sauf bien sûr dans la partie restée privée du logis neuf). Avec érudition et passion, il nous conte son histoire et celle des familles des seigneurs qui en furent propriétaires, les de La Gorce, les d'Apchier, les de Merle, histoire d'autant plus mouvementée que le château a constitué un enjeu important pendant les guerres de religion. Il fut entièrement détruit en 1628 par l'armée protestante du duc de Rohan, comme le fut aussi l'ancien château de Vallon au Chastelas. En septembre 1998, la municipalité décidait de racheter la partie médiévale dans le but d'en préserver les vestiges.

Dans le vieux village

Quittant ces lieux chargés d'histoire, nous descendons avec nos amis Bernard et Jeanine dans le vieux village médiéval serré contre le château, traversant des places et longeant des rues récemment recaladées avec des galets de rivière et qui ont conservé leurs noms anciens et évocateurs : place de la calade, place de l'hormeau, rues du jeu de ballon, du four banal et de l'église, calade de Font salade, porte de la forge. Notons que le mot « salade » n'a rien à voir avec la plante qui accompagne nos repas, mais rappelle le commerce du sel dans lequel Salavas joua un rôle important. Nous nous arrêtons un instant devant la monumentale fontaine d'Augier et son impressionnant balancier, toujours en état de marche. Le village ne manquait pas d'eau car de nombreux puits l'alimentaient. Tout près se trouve la nouvelle église saint Julien qui a la particularité d'être dépourvue de clocher. Aussi, la cloche (plus ancienne que l'église) se trouve-t-elle sur le parvis, suspendue entre deux énormes pierres.

Pour terminer un après-midi bien rempli, Bernard nous ouvre la porte d'une maison très ancienne abritant le beau four banal, laissé à l'abandon durant de nombreuses années. Débarrassé du tas d'encombrants sous lequel il se trouvait enfoui, il revit maintenant à l'occasion de la fête du pain qui a lieu chaque année le premier week-end de juillet.

En prime, nous avons le privilège d'assister durant notre périple au défilé du carnaval organisé par l'actif comité des fêtes de Salavas, et dans lequel une bonne partie de la population s'est investie. Outre les traditionnels chars fort bien réussis, nous voyons non sans une certaine nostalgie des vieilles voitures toujours en état de marche malgré leur âge respectable.

Visite guidée riche d'enseignements donc, grâce à Robert Hemling et Bernard Beuzeboc accompagné de son épouse, et que nous remercions pour nous avoir permis de découvrir un village chargé d'histoire mais par trop méconnu.

Pour en savoir plus

HEMLING J.-Robert. Les églises disparues de Salavas, numéro spécial hors-série de la Revue du Vivarais, 1999.

Rencontres avec le passé, publication annuelle de l'association « Les Amis de l'histoire de la région de Vallon ».

- Texte de J.P. HUYON -

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