La voie Romaine des Helviens
(I) De la vallée du Rhône à Saint-Germain

Depuis 1994, Cévennes Terre de Lumière s'est associée aux études poursuivies par M. René Rebuffat, Directeur de Recherches au CNRS, sur les voies romaines de l'Ardèche méridionale. Ces travaux, dont il a été régulièrement fait état dans le bulletin de notre association, ont porté plus particulièrement sur la voie des Helviens. Le document qui suit reprend pour l'essentiel la présentation que nous avions réalisée pour l'exposition « Routes et chemins à travers les âges » (Aubenas 1998). Notons au passage que cette exposition, devenue itinérante, a été présentée depuis dans plusieurs communes, dont Ruoms cette année (2001).

Nous tenons à remercier M. Rebuffat qui a bien voulu relire ce texte et lui apporter sur quelques points les précisions et mises à jour nécessaires.

La voie des Helviens est dite aussi Voie d'Antonin le Pieux, non parce qu'elle a été tracée par cet empereur (elle est certainement bien antérieure), mais parce qu'elle a été bordée de milliaires sous son règne, au début de l'année 145. Elle formait une partie de la voie qui mettait en communication, à travers l'Helvie, la cité de Valence et celle de Nîmes.

(I) De la vallée du Rhône à Saint-Germain

La voie romaine longeait les bords du Rhône et entrait chez les Helviens, peut-être à partir de la rive sud de la rivière Payre (au nord de BAIX). Elle passait à CRUAS, MEYSSE, ROCHEMAURE, au château de Joviac, LE TEIL (Mélas), traversait la vallée du Frayol, en amont du pont routier actuel. Le long de la route, on peut voir une copie du milliaire dit « des Combes », dont l'original a été transporté au Centre de Documentation Archéologique d'Alba. Ce milliaire, trouvé dans le ravin du Frayol, indique le chiffre de quatre mille pas, soit env. 6 km du centre d'ALBA. La voie passait ensuite à La Pignatelle (Commune d'AUBIGNAS), puis elle desservait ALBA.

D' ALBA, la voie se dirigeait vers le nord-est en direction de SAINT-JEAN-LE-CENTENIER, en passant près de Lestrade, au-dessous de la route actuelle. (« Lestrade » provient directement du latin strata (via), la route).

De Saint-Jean-le-Centenier au col du Chade

Du milieu de la limite ouest du village, la voie descend en droite ligne vers la rivière Claduègne. Elle avait une emprise au sol de 6 mètres sur lesquels 3,5 m étaient utiles à la circulation. De part et d'autre de la voie, on remarque l'épaisseur considérable des murs de soutènement faits de gros blocs de basalte qui lui servent de ballast en aval et qui la bordent en amont.

La voie traversait la rivière sur un gué (le passadou), remplacé par une passerelle moderne. Au-delà, on la retrouve jusqu'à Pisse en Bœuf, puis sur la commune suivante de MIRABEL, avant d'arriver au Palageay sous la forme d'un puissant talus qui borde un champ appelé Lestrade.

Un peu plus loin, on suit un chemin marqué « Chade » ; après quelques centaines de mètres, la voie romaine, plus économe que la route moderne, coupe court pour descendre directement vers un fond de thalweg qu'elle franchit sur un gué formé de deux soutènements superposés construits en pierres obliquement disposées.

Devois de Largentelle. Depuis le départ du chemin conduisant au gué, on distingue bien, sur la pente de l'autre côté du ruisseau, la trace de la voie qui montait en droite ligne jusqu'à un petit col (cote 309).

Depuis ce col, le paysage change, montrant des plantations de vignes et d'arbres fruitiers, et l'on distingue la ferme et le col du Chade (cote 332). C'est vers ce dernier qu'elle se poursuivait. Nous en suivons le tracé des yeux, d'abord comme limite de champ, sous la forme de buissons épais, puis comme haie. Cette « ligne verte », que l'on retrouve à Sauveplantade par exemple, est un des éléments de confirmation indiquant un ancien tracé. Ensuite, la voie redevient un chemin qui est encore utilisé. Sitôt franchi le col du Chade , nous nous trouvons face à la vallée de l'Auzon, sur la grande crête de Costeraste.

Immédiatement après avoir franchi le col du Chade, la voie d'ALBA à NIMES s'orientait au sud, vers SAINT-GERMAIN, tandis qu'une autre voie s'en détachait pour se diriger, en direction du nord, vers la capitale du pays Vellave.

Après avoir traversé l'Auzon sur un pont dont seul le blocage intermédiaire entre deux arches subsiste, cette dernière voie se poursuivait par Mias, contournait de loin l'oppidum de Jastres Nord, descendait vers l'Ardèche par Les Echelettes, remontait en direction d'AUBENAS, puis continuait par Pont-de-Labeaume (où un milliaire de Constantin est visible devant l'église). Au-delà, on discute toujours pour savoir si elle suivait la vallée de la Fontaulière et rejoignait soit Le Pal, soit LE ROUX et Sainte Abeille.

C'est au carrefour de la voie d'Alba à Nîmes et de celle du Massif Central, sur une butte marneuse à la cote 264, que fut trouvé, en 1897, le milliaire Sud n° X, dit « de Costeraste », maintenant au Musée de St. Germain-en-Laye.

La voie des Helviens suivait la crête de Costeraste sur un profil quasi-rectiligne pendant 2,4 km en direction de SAINT-GERMAIN. Nous avons là l'un de ses tronçons les mieux conservés et les plus spectaculaires qui est encore plus ou moins carrossable. Aux endroits où ils subsistent, on peut admirer de superbes aménagements : murs de soutènement à deux étages de pierres imbriquées aval et amont. Certains de ces murs mesurent encore entre 1,60 m et 1,70 m de haut.

Vers la fin de l'épine de Costeraste, la voie est brutalement coupée par la R.N. 102. Au-delà, nous suivons, pendant quelques dizaines de mètres, un chemin rural qui, passant sous le pont de chemin de fer, part en direction de SAINT- GERMAIN. Nous nous trouvons de nouveau sur le tracé de l'ancienne voie romaine.

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