Menace sur un site patrimonial remarquable : Le prieuré clunisien Saint-Pierre et le plateau de Rompon
Le site du prieuré clunisien Saint-Pierre de Rompon, dit le « Couvent des chèvres » sur la commune du Pouzin, est menacé de disparition malgré sa protection Monument Historique ISMH depuis 1927. L’extension de la carrière Dolménico-Dorel, anciennement Lafarge, signifie la destruction du vallon et du versant qui délimitent au nord le périmètre protecteur des vestiges du prieuré clunisien, église et cloître, mais aussi tout un périmètre archéologique : au moins trois millénaires d’occupation humaine : néolithique, romaine, paléochrétienne, médiévale jusqu’au XVIIe siècle. L’enceinte rurale du Ve siècle, dotée d’une porte fortifiée, a été identifiée par diagnostic archéologique de l’Inrap en 2003 [1] et des dolmens [2] proches de la grotte sépulcrale des Clots sont repérés par prospection en 2019.
Ce site emblématique de hauteur (308 m) d’altitude, qui domine la confluence du Rhône avec la Drôme, est un lieu prisé par les promeneurs venus du Pouzin et de Rompon, par les randonneurs du GR 42 A. En outre, la faune sauvage - les reptiles, dont le très rare lézard ocellé, des chauves-souris – l’a fait classer en espace Natura 2000.
L’association Avenir du Prieuré Saint-Pierre de Rompon - Le Pouzin, a été initiée en 2014, à la demande de l’entreprise Lafarge, propriétaire, et de la mairie du Pouzin pour sauvegarder, sécuriser et valoriser le site dans le respect de son environnement. Une convention de partenariat (2014-2019) entre le propriétaire, les mairies de Le Pouzin et de Rompon, la Fédération Européenne des Sites Clunisiens, et l’Association APCSPRLP, a permis la réalisation d’une première tranche de travaux de consolidation des vestiges en 2019. Une nouvelle convention n’a pas abouti avec le nouveau propriétaire Delmonico-Dorel, du fait de ses projets d’extension dans le périmètre même d’un site protégé ISMH, ce qui met en péril des vestiges encore en élévation et particulièrement la zone gelée et son riche passé.
L’enquête publique pour la révision du P.L.U. de la ville du Pouzin et à laquelle APCSPRLP a répondu vient de s’achever le 26 mai 2023. Si la mention des deux sites patrimoniaux est bien signalée : Le Pont romain et le Prieuré Clunisien, le périmètre légal de protection de 500 mètres n’apparaît pas sur le document final et opposable. Or, le front de taille de la carrière est déjà à une centaine de mètres des vestiges de l’église et le chemin d’accès emprunté par le GR est déjà en surplomb au-dessus du front de taille.
Malgré des rapports étroits avec les services de l’État chargés du patrimoine dans le département de l’Ardèche, en Préfecture de Région (DRAC, SRA et MH) et une entrevue le 22 mars, avec le préfet de l’Ardèche, l’association n’a pas réussi à élucider la complexité juridico-administrative du dossier : spécificité de la législation concernant les carrières dans ce cas de figure, confronté au code du patrimoine concernant un périmètre protecteur MH.
L’inquiétude est grande, partagée par les associations patrimoniales du département : Sauvegarde des Monuments Anciens de l’Ardèche, Fondation du Patrimoine, FARPA (Fédération Ardéchoise de la Recherche Préhistorique et Archéologique), Patrimoine Huguenot, Cévennes Terre de Lumière [3].
Quelques éléments bibliographiques :
- Cécile Perroud-Christophle : Considérations sur les temps obscurs de la Montagne du village de Rompon le vieux, et l’histoire du prieuré. Editions Hovath, Roanne, 1978.
- Robert Saint-Jean, article dans la revue du Vivarais, années 1970.
- J.Dupraz, C. Fraisse, Carte Archéologique de la Gaulle 07, 2001, notice le Pouzin, p. 306-309
Nous contacter :
- Association Avenir du Prieuré de Rompon : https://prieuresaintpierre.fr/
- Cévennes Terre de Lumière
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[1] Emmanuel Ferber et Pierre Rigaud : Le couvent des chèvres, un site fortifié du Ve siècle de notre ère. Ardèche Archéologie, N°21, 2004, p.31-34.
[2] Gary Duchez : Trois nouveaux dolmen à Rompon, Ardèche Archéologie N°36, 2019, p. 27-29.
[3] Qui était intervenue, dès 2000 puis en 2007, pour que le chemin d’accès au prieuré, approprié par la carrière, soit rouvert, démarche auquel le préfet de l’époque avait donné une suite favorable.