Sortie-découverte sur la commune de Labeaume

Dimanche 16 septembre 2001, des membres de Cévennes Terre de Lumière et de Dolmens et Patrimoine de Labeaume se retrouvent à nouveau pour une sortie-découverte sur la commune de Labeaume. Ouverte à tous, cette sortie voit se rassembler en début de matinée une trentaine de personnes.

Au Puech

Conduit par Paul Dupland, président de Dolmens et Patrimoine, et Jacques Dognin, secrétaire, le groupe se rend tout d'abord au lieu-dit le Puech, chez Madame Chazaly qui a l'amabilité de nous accueillir sur sa propriété. Assistée de sa fille, elle nous montre les aménagements réalisés, il y a plusieurs dizaines d'années par son mari, aujourd'hui décédé, afin de recueillir l'eau de pluie nécessaire à la vie de tous les jours. Patiemment, M. Chazaly a creusé dans la roche un réseau de rigoles dirigeant l'eau d'une part vers un puits-citerne pour les besoins ménagers, d'autre part, vers un bassin vaste et profond, qui fait l'admiration de tous ceux qui le découvrent. Une manlève constituée d'un mât vertical supportant un bras mobile avec, à une extrémité, un contre-poids, à l'autre extrémité un seau, permettait de puiser l'eau dans la réserve et de la déverser, via les rigoles, dans des gourgues1 aménagées dans le jardin en contre-bas.

1 gourgue (ou gorg) : petit bassin circulaire servant de réserve d'eau pour l'arrosage.

Rigoles et gourgues ont été taillées dans la pierre calcaire extraite des bancs rocheux situés sur la propriété. D'énormes blocs détachés de ces bancs attestent de l'existence d'une carrière autrefois en ces lieux. Elle était l'une des nombreuses carrières qui ont fait vivre une partie importante de la population du pays ruomsois pendant longtemps. De nos jours, il subsiste une seule carrière sise à Labeaume, employant plusieurs ouvriers et travaillant la fameuse « pierre de Ruoms » avec des moyens modernes.

Au Ranc de Figère

Second site visité, la nécropole du Ranc de Figère, rassemblant une quinzaine de dolmens parmi les 120 recensés sur la commune et en plus ou moins bon état. Si quelques uns seulement ont conservé leur dalle de couverture, les autres ne la possèdent plus depuis longtemps, victimes des dégradations causées par le temps et aussi par les hommes. Au Ranc de Figère, nous voyons deux dolmens encore imposants malgré le déséquilibre présenté par les dalles, conséquence peut-être de la disparition des tumulus de pierres qui les recouvraient à l'origine, mais aussi des fouilles sauvages.

Nous restons néanmoins émerveillés par l'importance des monuments. Paul Dupland nous explique qu'ils ont été érigés il y a 45 siècles pour servir de sépultures collectives. Des fouilles scientifiques menées par le Dr Lafforgue dans les années 1970 ont permis la découverte d'objets ensevelis avec les défunts. Ces objets sont entreposés au musée régional de la préhistoire à Orgnac-l'aven. Parmi les objectifs que s'est fixés l'association « Dolmens et Patrimoine » de Labeaume figurent la poursuite de l'inventaire des dolmens, ainsi que leur sauvegarde et leur réhabilitation.

Au Bois Saint-Martin

Troisième étape de cette sortie-découverte, le quartier de Bois-Saint-Martin où nous sommes accueillis par Paul Chalivet qui nous guide, à travers un paysage de roche, vers une vaste parcelle, autrefois cultivée, puis envahie pendant plusieurs dizaines d'années par une végétation sauvage comme on en voit, hélas, trop souvent dans nos contrées. Récemment, notre guide s'est astreint à débroussailler cette parcelle, lui rendant ainsi l'aspect qu'elle présentait du temps de son exploitation.

Nous y admirons le formidable travail d'épierrement réalisé par les anciens pour gagner le maximum de terre entre les rochers : des clapas, mais aussi un long et haut mur de pierres sèches parfaitement alignées.

Enfin, nous nous rendons chez Paul Chalivet qui nous montre les vastes citernes aménagées par les anciens afin de récupérer l'eau indispensable aux hommes, aux animaux et aux plantes. Comme chez Mme Chazaly, l'eau des citernes était canalisée par des rigoles en pierre vers les gourgues aménagées dans le jardin.

Au village et au Récatadou

L'après-midi, nous sommes quelques « cétéliens » à poursuivre notre promenade plus près du chef-lieu. Sur la place du Sablas aux platanes majestueux, nous évoquons les fameuses crues des 22 septembre 1890 et 1992. Deux plaques rappellent les niveaux atteints ces jours-là par la rivière Beaume. Partant de la place, nous flânons dans les ruelles tortueuses du village moyenâgeux enserré entre la rivière et les hautes falaises. Un pan de muraille, reste du château féodal, semble planer au-dessus des toits, et des rochers aux formes bizarres veillent sur le bourg. Nous admirons l'important travail de restauration entrepris depuis quelques dizaines d'années par les Labeaumois et la municipalité. Depuis peu, Labeaume a reçu l'agrément « village de caractère ».

Après avoir gravi la calade principale, nous parvenons sur le plateau d'où nous dominons l'ensemble du village. Nous empruntons un sentier se faufilant dans la végétation, qui nous conduit à un magnifique dolmen resté intact grâce aux soins vigilants des propriétaires. Un peu plus loin, nous arrivons à une imposante bâtisse en pierre, témoin de la richesse du XIXe siècle et du début du XXe, lorsque l'élevage du ver à soie était la principale activité de la région. Cette habitation a la particularité d'être construite au-dessus d'une magnifique réserve d'eau. On l'appelle d'ailleurs communément « la maison aux pieds dans l'eau. »

Reprenant notre chemin vers Labeaume, nous faisons une halte au « Récatadou », lieu d'une grosse bâtisse située au-dessus des gorges de la rivière Baume en un à pic vertigineux qui abrita pendant de nombreuses années une colonie de vacances d'enfants de l'agglomération lyonnaise. Le bâtiment a été racheté par la commune qui y a réalisé une salle polyvalente.
Enfin, nous regagnons notre point de départ en empruntant « le chemin des écoliers », pittoresque sentier tout en descente, nous ramenant au cœur du village où nous nous séparons, satisfaits de cette journée qui nous a permis de découvrir tant de merveilles.

- Texte de Jean-Pierre Huyon -

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